dimanche 18 décembre 2016

SCEAU SUR ENCRE

Une peinture ou une calligraphie chinoise comporte toujours l’empreinte d’un sceau. La couleur standard est le rouge. Sans sceau, on peut penser que l’artiste considère l’œuvre comme pas encore terminée ou comme sans importance.

un sceau de l'artiste Chu Ta

Le sceau est un cachet en général gravé sur pierre. De nos jours, il en existe aussi en métal, en bois, moins chers. Le format est carré, quelque fois rectangulaire. On trouve aussi des formes polygonales, mais c’est très rare. Dans l’ancien temps, les artistes gravaient leur sceaux eux-mêmes et certains peintres étaient célèbres aussi comme graveurs de sceau.

Ensuite, il faut de la pâte pour sceau. La vraie pâte est élaborée à partir de cinabre, qui est une espèce minérale composée de sulfure de mercure. La pâte se durcit lentement. Attention, si vous mettez un cachet, attendez une heure ou deux pour être sûr que le cinabre est bien durci.

Le texte du cachet est presque toujours gravé en style sigillaire, quelquefois dans un style encore plus ancien. Il y a deux façons de graver : l’un avec les lettres apparaissant normalement, en relief, l’autre avec les lettres creusées apparaissant en blanc sur fond rouge. Yang et yin, si vous voulez. Chaque artiste doit avoir au moins un cachet en relief et un en creux. Comme les œuvres dessinées sont de taille variable, on doit avoir des sceaux de différentes tailles. Ce n’est pas rare que dans l’atelier d’un artiste, vous trouvez sur la table une dizaine de sceaux différents.

Le texte du sceau varie : soit c’est le nom, ou l’un les différents noms de l’artiste, soit le nom de son atelier, ou de sa commune. On trouve aussi des fragments de poèmes, des maximes, des réflexions philosophiques, souvent des textes où l’artiste se moque de lui-même, par exemple : Mes quatre audaces, Percevoir la saveur, Pour le vulgaire ceci n’est rien, Vieux, Baishu s’amuse, A quoi bon le renom, A moitie sourd, Vieillard de quatre-vingt-douze ans,…

Le peintre Chu Ta bat le record des noms. Il s’appelle aussi, entre autres, Ko-shan (Montagne individuelle), Jen-Wu (Demeure humaine), Hsueh-na (Robe de neige), Liang-yueh (Bonne lune), Pata-shan-jen (Montagnard aux Huit Orients) (voir le beau livre de François Cheng sur Chu Ta). Sur ses différentes œuvres, on trouve les empreintes d’une dizaine de sceaux différents.

En général on pose un sceau sur une œuvre. Quelque fois, deux, un en format creux, un en format relief. Certains artistes en mettent plusieurs. La position des cachets est de la plus grande importance. Il faut voir l’équilibre général, le plein et le vide et surtout tenir compte du cadrage si l’on fait un cadre. Je me souviens d’avoir lu un texte ou l’on disait que le calligraphe doit mettre le sceau à un coin précis, en haut, en bas, à droite, à gauche, suivant que le poème est de lui-même, ou de quelqu’un considéré comme de son niveau, ou d’un grand maître auquel il veut exprimer son respect. Malheureusement, j’ai perdu la référence de ce texte. C’est encore l’une des théories comme on en trouve sur la calligraphie chinoise.

Quand le tableau est vendu, surtout quand c’est l’œuvre d’un grand maître, le propriétaire quelque fois ajoute un sceau de son nom ou du nom de sa famille. L’œuvre, restant dans la famille, est ainsi passée de génération en génération. Lorsqu’elle est revendue, le nouveau propriétaire ajoute encore une fois son sceau. De sorte que certains tableaux comportent un grand nombre de sceaux. Finalement les sceaux de plusieurs familles ajoutent de la valeur au tableau. Quelquefois les sceaux sont posés exprès de façon inesthétique, par exemple empiétant sur le dessin ou les textes, ceci pour empêcher le vol ou rendant difficile la copie où pour empêcher la vente par les héréditaires.

Voici le principal sceaux du grand artiste Chu Ta


Pour ma part, j’ai plusieurs sceaux, fabriqués à Shanghai. Un porte mon nom d’artiste, qui veut dire « Bambou des Montagnes », l’autre porte mon rêve, « Mille (années) de paix ».

Voici un modeste dessin, avec sceau au cinabre:



Amitié,
An

Mon ami Pascal a commenté par un si joli poème que je ne peux m'empêcher de le calligraphier :


Merci Pascal !

20 commentaires:

  1. sceau en creux?
    Merci à toi Bambou des montagnes.
    et bon dimanche.

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    1. Dur, dur, tu veux dire bambou creux !
      Sur, il n'y a rien à l'intérieur ! :-))
      Bon dimanche à toi !

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  2. Bonjour Binh An. Ton article sur les sceaux m'a beaucoup intéressée. J'en avais entendu parler sur les livres de peinture chinoise que je possède. Bon dimanche

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    1. Oui, j'en ai quelques uns aussi. Ceux de François Cheng sont de grande qualité.

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  3. Sur le bord
    de son chemin
    d'étoiles

    Les rêves de Paix
    du Bambou des Montagnes

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  4. Merci de ton passage chez moi, Binh An.
    Joli blog
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  5. Je pensais que chaque artiste n'avait qu'un seul sceau.

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    1. Ils ont souvent plusieurs noms d'artistes et plusieurs sceaux !

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  6. Touché et honoré par ta Calligraphie
    Merci Binh An

    PS
    La Calligraphie

    Une carte
    Pour que les mots qui s'envolent
    puissent retrouver leur chemin :-)

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  7. Merci beaucoup de votre passage sur mon blog . Belle fin d'année.
    A bientôt.
    Lyne-Anke

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    1. Merci! Belles fêtes de fin d'année!
      Et plein de haiku pour les temps qui viennent!

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  8. Et bien j'apprends quelque chose aujourd'hui. J'avoue que tout ce qui vient de l'Orient lointain m'est un peu inconnu. Belle semaine.

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    1. Et moi, j'apprends plein de choses sur l'Occident !
      Belles fêtes de fin d'année!

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    2. ah ça m'intéresse beaucoup, je te remercie!j'aime beaucoup celui que tu qualifies de "modeste" que je trouve magnifique!! bonne journée et merci pour ton blog

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  9. A Sylvie: Merci ! Tu vois mon avatar ? Je l'ai dessiné bien avant que le Musée Quai Branly soit ouvert. Mes ancêtres sont des Maya !

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